la dualité en politique (suite et fin)
4. la
dualité en politique : à tous les niveaux
d'organisation, on retrouve le fondement dual de l'univers et ce
qu'il a physiquement induit. L'organisation politique n'échappe pas
à cette loi. Elle procède de plusieurs axes :
4-1
l'axe {exécutif / contrôle} représenté par le
gouvernement et le parlement. C'est un axe de nature structurelle qui
permet une grande réactivité de l'exécutif tout en ayant un
contrôle démocratique de son action, à posteriori. Les régimes
parlementaires (discuter longtemps avant d'agir) reviennent à
induire un grave blocage institutionnel dans un monde où l'évolution
est rapide. La dualité {exécutif/contrôle} s'accompagne de règles
qui favorisent l'émergence d'une majorité pour assurer la
stabilité. Les scientifiques ont – à juste titre – l'obsession
de trouver des constantes. Elle se manifeste ici selon cette loi :
l'excès de représentation proportionnelle nuit à la stabilité.
En poussant le raisonnement aux limites, la représentation maximale
générerait autant d'avis que de citoyens ! Cela s'appelle
l'anarchie. La saine dualité est toujours la recherche de
l'équilibre entre deux tendances contraires.
4-2
l'axe {progressiste / conservateur} est souvent
vécu en mode alternatif (OU) et rarement en mode collaboratif (ET).
En mode alternatif cette dualité génère des postures au parlement.
Ainsi, une idée, pourtant commune aux deux camps, sera rejetée par
les uns si ce sont les autres qui l'ont proposée. Ainsi des
centaines d'amendements viendront retarder les décisions et
finalement bloquer le pays. Il ne faut pas confondre ce faux débat
stérile avec un véritable débat démocratique où seul compte
l'intérêt du pays. En revanche, si cette dualité est en mode
collaboratif, il y aura moins de posture de blocage et éventuellement
de sains débats sur des éléments de divergences réelles. Cet axe
dual, est plutôt conjoncturel et n'est donc pas une constante. En
France par exemple, il a été longtemps synonyme de {gauche /
droite} et/ou {progressiste / réactionnaire}. Mais cette
terminologie change au cours du temps. Quand la république est née,
les réactionnaires étaient les nostalgiques de la royauté. La
principale « action » moderne est cette accélération
mondiale générée par les nouvelles technologies. Les distances se
sont « raccourcies » et le citoyen lambda se sent perdu
en prenant conscience de la multiplicité des civilisations et des mœurs. Le dual de cette action d'accélération
est la réaction nostalgique des temps
passées.... Comme dans toutes les dualités, celle-ci cherche son
équilibre. Il est donc normal que certains résistent à la folle
accélération du progrès que les populations ne maîtrisent plus.
Mais cette réaction est principalement portée par ceux qui ne se
sentent pas capables d'évoluer. Ils s'opposent donc à l'esprit des
lumières. Ainsi, leurs propositions sont de type « repli sur
soit ». Elles prônent l'autisme sociétal à grand renfort de
frontières et de rejet des autres. Pourtant la physique est claire :
tout barrage crée un potentiel qui tend à le détruire.... Plutôt
que de fustiger cette réaction, les intellectuels devraient mieux la
comprendre et chercher à rassurer et aider ceux qui doutent
d'eux-mêmes pour évoluer. Leur montrer que le traumatisme de
l'échec scolaire initial, n'est pas une fatalité. La vie d'adulte
peut très bien réconcilier avec une formation adaptée. C'est la
clé pour éviter la xénophobie, le rejet de l'autre.
4-3
l'axe {social / libéral} est la forme fondamentale de
l'axe b. Cette dualité apparaît au premier abord comme un oxymoron.
En réalité cet axe est sain car il répond d'une part à une
contrainte internationale et d'autre part, à une aspiration légitime
de plus de solidarité. Ces deux objectifs – qui génèrent des
contraintes opposées – devraient se dérouler dans le mode
collaboratif sans les fameuses « postures de blocage ».
La contrainte internationale est de nature purement capitaliste à
forte entropie (de désordre). Les règles sont floues et l'appât du
gain est le moteur principal. Le frein principal est le fameux
« droit de veto » qui permet à un seul pays de bloquer
la planète. Il est naïf et dangereux d'éluder la contrainte
internationale en construisant des frontières pour s'isoler du
monde. Par ailleurs, pour un pays en croissance démographique, il y
a une obligation de croissance du PIB. Pour satisfaire l'aspect
social, il existe deux solutions : 1/ s'endetter et « faire
payer les riches investisseurs » par des impôts
spécifiques que les pays voisins n'ont pas ; 2/ jouer le jeu
international en appelant les investisseurs pour créer de
l'activité, des emplois et donc de la richesse. La première
solution est de nature à décourager les investisseurs et laisser
une dette aux générations à suivre. Elle débouche sur un autisme
d'état qui dérive souvent sous la forme d'une dictature. La seconde
solution est la plus saine mais elle a trois contraintes de réalités
: 1/ il existe un délai entre les entrées escomptées et la
redistribution sociale ; 2/ l'obligation d'être fort pour
lutter contre la déréglementation internationale ; 3/
l'obligation de suivre (précéder si possible) les changements du
monde qui s'accélèrent. Or ces changements sont mal vécus par ceux
dont la priorité n'est pas l'épanouissement par le travail. Ceux là
souhaitent rester à vie dans un emploi comme à l'époque où le
progrès évoluait très lentement. Ils ont du mal à se penser comme
acteur-créateur-passionnés du progrès et se voient plutôt comme
acteur désabusé, dépassé par l'évolution galopante. Ces gens
fuient les prises de risque et sont nostalgiques du monde ancien. Ils
préfèrent défendre une usine existante à vocation perdue, plutôt
que de se battre pour l'arrivée d'activités nouvelles plus
modernes. Ils ont peur du changement.... Les réactionnaires ont
changé de camp ! La clé est la formation permanente.
4-4
l'axe {droit / devoir} : Beaucoup de citoyens
ignorent cette dualité qui exige qu'un droit ne peut être acquis
qu'après avoir accompli un devoir. Le droit d'avoir un travail exige
un devoir d'effort préalable pour se former et convaincre
l'employeur. Le droit d'augmenter la redistribution sociale, passe
par le devoir d'augmenter les gains. Il est clair que ceux qui ont
mal vécu leur scolarité, ont une peur légitime d'envisager de se
remettre en question dans des formations diverses à revivre au cours
de leur vie d'adulte. En tant qu'enseignant, je dois dire qu'il faut
faire très attention avec cette peur. Il faut la prendre en compte
et tout faire pour la réduire au maximum. Ceux qui ont eu du succès
à l'école, doivent comprendre la chose suivante : pour faire
partager leur enthousiasme dans une société qui évolue vite, il
faut convaincre « la France d'en bas » que leur plan de
formation continue commencera par une véritable mise en confiance
destinée à effacer le sentiment d'échec qu'ils ont peu avoir lors
de leur scolarité. Faire partager l'enthousiasme passe par
l'altérité.
4-5
l'axe de la dualité de localité
{pays / étranger}. Il y a encore quelques décennies, un pays
puissant comme la France, était quasiment indépendant du
fonctionnement du reste du monde. Toutes ses décisions politiques
(gestion de la citée) étaient quasiment basées sur des critères
franco-français. Mais le progrès aidant, l'influence du reste du
monde est venue s'insérer dans le « champ local ». Par
exemple la gestion de l'écologie planétaire doit se traiter – par
essence – au niveau mondial. Cela concerne également les règles
du commerce international. Il y a donc une dualité fondamentale et
collaborative entre le local et le non local.
Les intérêts locaux ne sont pas toujours opposables aux intérêts
mondiaux. Dans toutes les localités, une démarche d'adaptation se
traduira toujours par une loi {action / réaction}. Cette loi
fondamentale de la physique s'applique partout. Au niveau local, un
des axes de la dualité politique, se traduit par le couple
{action/réaction}. Les règles internationales sont en perpétuel
changement. L'entropie (de désordre) est dominante. il faut
constamment revoir et préciser les règles. L'influence française
sur le reste du monde n'aura de prise qu'à travers le renforcement
de l'Europe. Si nous voulons influencer ses autres membres, ils nous
faut – pour le moins – respecter les règles pour lesquelles nous
nous sommes engagés. Mais cela ne suffit pas ! Il nous faut
être fort relativement aux autres partenaires pour les convaincre.
Cette Europe plus solidaire et plus démocratique, sera notre
véritable souveraineté si nous nous battons pour l'obtenir. Ainsi
il nous faut agir à la fois dans le champ local et le champ non
local. Cette dualité est essentielle pour comprendre les lois de
notre univers et les transcrire en science politique. L'esprit de
concurrence génère l'émulation qui rend heureux. Les monopôles
sont infertiles.
4-6
l'axe {monopôle / concurrentiel} : cette dualité
est de nature complémentaire. Par exemple les tâches régaliennes
d'un état (civilité, éducation, défense, gestion des retraites,
égalité homme/femme, solidarité, etc...) doivent relever du
monopôle de l'état. C'est de sa compétence pleine et entière. En
revanche, le transport est une activité technico-commerciale qui a
besoin d'émulation. La meilleure
émulation qui soit est la concurrence. En revanche, cette activité
doit-être encadrée par des règles strictes qui favorisent
l'équilibre des territoires. Mais à toute choses égales, le
« droit » d'un service
globalement bien réparti, passe par le « devoir »
de le rentabiliser au mieux.
La
physique de l'univers est le guide pragmatique de tout type
d'organisation. Le dual de la synchronisation qui donne la vie, est
le la croissance de l'entropie de désordre de l'univers. Entre les
deux, il existe « l'effet peau » qui matérialise l'axe
de cette dualité. D'un côté il y a la concurrence par le besoin
d'émulation et de l'autre côté, il y a le besoin de règles
communes. L'organisation sociétale relève de la même dualité
entre le désordre généré par l'émulation concurrentielle et le
besoin de règles strictes.
Vivre avec des entités contraires, peut paraître paradoxal mais c'est la clé de tout et d'abord de l'univers dont nous faisons parti. L'émulation par la concurrence est à la fois la joie de vivre et le désordre. Il faut vivre avec – pas comme une fatalité – mais en imposant des règles d'éthique. Le crédit de l'émulation crée du désordre qu'il faut sans cesse corriger. C'est fatiguant ? Sûrement mais c'est la vie ! Tout est concerné par la dualité des deux sens de variation de l'entropie.
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